78e Festival de Cannes: Adèle Exarchopoulos, Gilles Lellouche et Louis Garrel réunis dans "Chien 51", thriller futuriste de Cédric Jimenez

Le film n’était pas tout à fait prêt pour être présenté au Festival, à l’instar de Bac Nord ou Novembre. Mais le teaser de Chien 51, prochain long-métrage de Cédric Jimenez qui sortira le 15 octobre, fait déjà saliver son (grand) public. Avec Gilles Lellouche en flic blond peroxydé et Adèle Exarchopoulos, coupe carrée et flingue en main à travers un Paris à l’atmosphère digne de Blade Runner, des courses-poursuites, Louis Garrel dans une attitude christique face à une armée de policiers en train de le braquer, Romain Duris énigmatique... bref, la promesse d’un grand spectacle.
Adapté du roman éponyme de Laurent Gaudé, ce thriller futuriste met en scène deux policiers dans une capitale divisée selon les classes sociales, qui doivent enquêter sur la mort d’un inventeur d’intelligence artificielle chargée de tout contrôler. Néanmoins présent sur la Croisette pour le marché du film, Cédric Jimenez nous en dit plus.
Pourquoi cette adaptation SF?
Parce qu’après avoir beaucoup traité d’histoires vraies, je voulais faire de la pure fiction. Mais plutôt que de SF, je préfère parler de réalité augmentée. Aller sur quelque chose d’un peu futuriste me permettait d’aller vers la fiction, tout en m’inspirant du réel car le livre de Laurent Gaudé est une dystopie, c’est une version un peu critique du présent, qu’on extrapole.
Avec une dimension sociale, comme dans Bac Nord également?
La dystopie se développe toujours sur un constat social, on y monte les curseurs de certaines dérives.
Mais ça reste un thriller policier…
Oui, c’est le troisième volet de ma trilogie police, avant de passer à mon projet sur Johnny Hallyday (avec Raphaël Quenard, ndlr). Novembre était très fidèle à ce qui s’est passé après les attentats, Bac Nord était plus romancé et plus personnel dans le sens où je suis un Marseillais, et après Chien 51, je pourrai passer à autre chose.
On y décrit une société fracturée, mais on évoque aussi l’intelligence artificielle. Un danger?
Par définition, c’est une intelligence supérieure à l’homme. Ça peut-être très bien, par exemple médicalement pour anticiper une maladie ou trouver un traitement mais, parfois, c’est plus inquiétant, car ce qui est en jeu, c’est notre libre arbitre. L’homme n’a plus cette totale légitimité, puisqu’on a une technologie dont l’analyse est supérieure à la nôtre. Mais est-ce qu’on a envie de cette technologie dénuée de toute humanité pour décider de tout?
Il y a les thèses du film, mais le teaser est déjà bien musclé...
Le thriller, le cinéma de genre, permet de raconter tout cela de façon assez simple, assez ludique. Et je pense qu’aujourd’hui, on a besoin de ça au cinéma pour ouvrir une porte à la réflexion, quitte à l’approfondir ensuite. En deux heures de film, on doit être synthétique et interpeller.
Le casting annoncé est prestigieux, avec des fidèles comme Gilles Lellouche ou Adèle Exarchopoulos...
Adèle, je n’ai tourné que cinq jours avec elle sur Bac Nord, mais j’avais justement été frustré de ne pas avoir pu développer davantage son personnage. Gilles est effectivement un acteur partenaire, et un ami en qui j’ai une grande confiance. J’aime son intelligence, son instinct et sa capacité à concilier le deux dans le jeu.
Il y a aussi Louis Garrel, comme on ne l’a jamais vu? Méchant?
Louis joue un personnage un peu hybride, très iconique. Il a le charisme pour dégager ce truc à part car il peut être à la fois doux et dur. Et puis c’est quelqu’un de très mystérieux, et c’est ce que je voulais pour le personnage.
On voit Paris sous un jour particulier?
On a aussi tourné à Marseille, car c’est une ville en reconstruction, avec des décors intéressants qui mêlent passé et futur, notamment à la Joliette. Je suis Marseillais, j’adore ma ville, mais en tant que cinéaste, je ne raconte pas forcément la ville telle que je la vis. Il ne s’agit pas de lui rendre hommage.
Le Festival a rendu hommage à Pagnol, autre grande figure locale...
Pagnol, on l’étudie à l’école, c’est un grand auteur, très identitaire de Marseille, c’est aussi son patrimoine. Mais on est aussi dans un monde nouveau, on ne peut pas rester uniquement là-dessus.
Hafsia Herzi, Marseillaise aussi, présentait son film en compétition.
J’adore l’actrice, j’ai beaucoup de respect pour elle, pour son travail, pour son parcours. Je l’ai croisée une fois dans le train, on s’est dit bonjour, et dans son regard, j’ai vu beaucoup de belles choses en elle. Si j’ai un jour un rôle à lui proposer, je serais ravi de tourner avec elle.
En revanche, vos films ont toujours été hors compétition ici?
La compétition, c’est excitant, mais ce n’est pas une fin en soi. Avoir un prix, c’est gratifiant, mais on ne fait pas un film pour ça. On fait des films pour ce qu’ils sont, et pour ce que l’on est aussi. Moi, j’essaie de faire des films qui me ressemblent, et à Cannes ils ont la place qu’ils doivent avoir.
Var-Matin